Les solutions mises en place par les villes pour limiter la pollution


Mots-clés : Pollution, écologie, Bordeaux, solutions, véhicules
Date de publication :

11,9 tonnes. C’est ce qu’un français émet en CO2 en moyenne par an. Dans un monde où l’écologie occupe une place de plus en plus grande, les rejets carbones ne cessent d’augmenter. Aujourd’hui, l’écologie est donc au cœur des débats. On constate une réelle prise de conscience de la part de la société qui se caractérise par de nombreux maires écologistes élus. Dans cet article, nous allons nous intéresser aux aménagements urbains que mettent en place les villes pour réduire la pollution. Puis, dans un second temps, nous vérifierons l’efficacité de ces solutions par des données réelles. Pour cela, prenons le cas de Bordeaux.

Comment les villes luttent-elles contre la pollution et aménagent-elles leurs espaces ?


Constat

Evolution pollution - Vanon

Tout d’abord, nous nous sommes intéressé aux rejets de dioxyde d’azote, un gaz toxique à l’odeur âcre et piquante très reconnaissable. Il est l’un des polluants dont la concentration est la plus haute dans l’atmosphère. Notre air est composé de 80% d’azote et lorsqu’il atteint des températures avoisinant les 3000°C, celui-ci s’oxyde en NO (monoxyde d’azote) et en partie en NO2 (dioxyde d’azote) par réaction avec le dioxygène présent dans l’air. Une fois dans l’atmosphère le monoxyde d’azote s’oxyde ensuite et forme le dioxyde d’azote.
De plus, ce polluant engendre des problèmes de santé en causant comme des irritations aux yeux, au nez et à la gorge, mais aussi aux poumons en cas d’inhalation et réduit la fonction pulmonaire. Selon le site du gouvernement, à l’échelle nationale, Bordeaux fait partie des rares métropoles à respecter le seuil maximal de 40 µg/m3 de dioxyde d’azote où Paris, Lyon, Marseille peuvent atteindre des valeurs allant jusqu’à 50 µg/m3 en 2018 par exemple.
En mettant en corrélation, les données (Atelier Open Data Bordeaux Métropole) du trafic routier et la teneur en dioxyde d’azote de Bordeaux centre des quatre dernières années (de 2018 à 2021), nous avons pu remarquer une étroite ressemblance entre les deux courbes. En effet, de 2018 à 2019, on peut observer une légère baisse sur les deux graphiques. Cette baisse s’accentue d’autant plus de 2019 à 2021 qui peut s’expliquer par les confinements plus ou successifs dû à la crise sanitaire. La diminution du trafic routier a donc un impact sur la teneur en NO2 dans les villes.


Cependant, d’après nos recherches, l’évolution de la teneur de dioxyde d’azote est aussi étroitement liée aux saisons. On peut observer une baisse significative de la teneur en NO2 entre la fin du mois de mars, et la fin du mois d’août quelles que soient les années (de 2018 à 2021). Cette baisse significative s’explique par la chute des températures durant l’hiver. En effet, cette chute entraîne une faible épaisseur (quelques centaines de mètres) de la couche de l’atmosphère en contact direct avec la surface terrestre appelé « couche limite ». Cette épaisseur peut atteindre plusieurs kilomètres en été ce qui favorise la dispersion verticale du NO2 et donc sa dilution dans la couche basse de l’atmosphère et améliore ainsi la qualité de l’air dans les villes.



Evolution nombre de véhicules - Clément

Bien que les taux de pollution aient évolué de manière très positive dans la métropole, ce n’est pas le cas du nombre de véhicules en circulation. En effet, comme vous pouvez le constater sur le graphique ci-dessous, un grand nombre de véhicules empruntent toujours la majorité des grands axes. Bordeaux conserve d’ailleurs sa troisième place sur le podium des villes les plus embouteillées. Ceci semble dû à plusieurs raisons. Premièrement, le nombre d’habitants augmente drastiquement : tous les ans, près de 10 000 habitants rejoignent la métropole. Ensuite, les élus de la métropole misent sur une politique visant à réduire le nombre de véhicules. Pour cela, plusieurs mesures sont mises en place comme la fermeture d’une voie sur les boulevards pour prioriser les bus, la limitation à 30km/h. Tout autant de solutions qui agacent les automobilistes et augmentent la concentration de véhicules.
Néanmoins, on constate une légère baisse du nombre de véhicules ces dernières années. On peut corréler ces données aux épisodes de confinements liés au Covid. Logiquement, on voit que la qualité de l’air s’améliore sur ces périodes.
Réguler le nombre de véhicules semble donc être une solution pour limiter la pollution. Dans les parties suivantes, vous découvrirez les solutions mise en place par Bordeaux Métropole.
Lorsque l’on compare le nombre moyen de véhicules motorisés par an à celui des vélos (voir graphique ci-dessous), on se rend compte que le nombre de vélos augmente tandis que celui des voitures stagne. Si on corrèle ces données à l’évolution du nombre d’habitants, on voit que la population a tendance à délaisser la voiture pour le vélo.


Le graphique ci-dessous présente l’évolution de la fréquentation des véhicules sur les principaux axes de Bordeaux Métropole. Les données nous proviennent de l’atelier Open Data de Bordeaux Métropole et les valeurs correspondent au nombre moyen de véhicules par heure aux heures de pointe du matin sur une année.


Le graphique ci-dessous présente l’évolution du nombre moyen de vélos par an sur l’ensemble de la métropole. Les données nous proviennent de l’atelier Open Data de Bordeaux Métropole et les valeurs correspondent au nombre moyen de vélos par an sur base 100 en 2001.




Solutions

Stations VCub / Aménagements cyclables - Sarah

Afin de lutter contre la pollution dans la ville de Bordeaux, et fournir aux habitants des alternatives aux déplacements en voiture, et ainsi diminuer les embouteillages et le nombre de véhicules circulant sur le territoire, le nombre d’aménagements cyclables augmentent drastiquement grâce aux efforts de la commune. Comme on peut l’observer sur le graphisme, 2015 et 2016 ont été des années propices à la création de pistes et voix cyclables à double sens et de raccords. En tout, environ 10 000 aménagements en faveur des cyclistes a été enregistré par Bordeaux Métropoles. Une prise de conscience qui a permis d’augmenter ces aménagements les années suivantes, en 2019, on peut aussi voir une hausse de ces chiffres.
De plus, dans cette même optique, les stations VCubs n’ont cessé de se développer dans la métropole, on peut observer une grande concentration d’équipement dans le centre-ville bordelais, ainsi qu’un nombre significatif de VCubs situés dans le secteur de Talence, Pessac ainsi que Bègles.
Mais est ce que ces aménagements ont ils un réel impact sur l’environnement ? Car la diminution des routes, et la hausse des voies à sens unique pour les automobiles créent des embouteillages comme on a pu le voir précédemment, embouteillages participant activement à la dégradation de l’air et l’augmentation de la pollution. Les habitants sont ils prêts à délaisser leur voiture et opter pour un mode de déplacement plus écologique ? Ces nombreux efforts en faveur de l’écologie, permettent-ils d’augmenter le nombre de cyclistes dans Bordeaux ?


Espaces verts - Sébastien

Bordeaux a de réelles ambitions écologiques. La Métropole l’a bien compris et se lance dans un projet de grande envergure depuis 1 an qui vise à (re)végétaliser massivement l’ensemble de la métropole : “Plantons 1 Million d’arbres”. Une opération dont le budget s’élève à 30 millions d’euros sur dix ans. Ce projet est particulièrement positif et engageant. L’objectif : planter un million d’arbres sur le territoire de Bordeaux au cours des prochaines années.
Diversifier ses espaces en remodelant et verdissant la ville est la transition progressive idéale. Le 23 novembre 2020, les premiers arbres ont été plantés. Grâce à ces un million d’arbres plantés, 20% de plus du territoire sera arboré sur le territoire métropolitain.
Biodiversité recréée, carbone stocké et amélioration de la qualité de l’air seront les maîtres mots de la ville d’ici une dizaine d’années. À proximité de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, plus de 35 000 plants sont plantés. Des espaces d’arbres et arbustes, ne nécessitant que très peu d’eau et surtout, adaptées au terrain.
Cette démarche ambitieuse appelle à la mobilisation de tous les acteurs, publics comme privés, mais doit aussi permettre à chacun de s’impliquer à sa mesure.
C’est pourquoi, Bordeaux Métropole a décidé il y a deux mois, pour la première fois, de consacrer une part de son budget à la réalisation de projets élaborés par la société civile.
La collectivité met à disposition neuf parcelles lui appartenant afin d’y planter des arbres. « L’objectif est de contribuer à créer des îlots de fraîcheur et renforcer la biodiversité. Les projets sélectionnés pourront être des micro-forêts, des vergers, des parcs et jardins partagés… La condition à respecter est de protéger les arbres existants et d’en planter en nombre suffisant pour inscrire le site durablement dans le paysage ».



Tramway - Maxence

Bien que la première ligne de tramway à Bordeaux, tractée par des chevaux, date de 1880, le tramway actuel qui circule sur la métropole date de 2003. Tout a commencé en 1995 lorsque la communauté urbaine de Bordeaux (La CUB), organisme qui s’occupe de la gestion des transports en commun, constate une tendance à l’étalement urbain et une augmentation significative de la circulation d’automobiles sur la métropole bordelaise. Durant la première phase du projet, qui débutera en 2000 et finira en 2004, trois lignes de tramways vont voir le jour pour une longueur totale de 24,3 km et un coût de 690 millions d’euros. L’unicité et la réputation à l’échelle européenne de ce projet résident dans l’investissement d’une technologie innovante : l’alimentation par le sol ; une technologie permettant de supprimer les cathéters sur certains tronçons des lignes.
Nous nous sommes donc intéressés à la densité de véhicules qui circulent en une journée sur Bordeaux Métropole en 2021 et à la localisation des lignes de tramways sur une carte de chaleur. On constate en 2021 que le trafic a fortement diminué, et en particulier au cœur de la métropole par rapport à 2000. Cette diminution s’explique par un changement des mentalités au cours des vingt dernières années. En effet, les personnes empruntent davantage ce mode de transport qui a été remis au goût du jour notamment grâce aux technologies embarquées.



Conclusion

Les études que nous avons réalisé démontrent que les efforts de Bordeaux Métropole portent leurs fruits. Les rejets de NO2 s’atténuent avec le temps et les habitants privilégient les transports doux comme le vélo ou encore le tramway. Néanmoins, tout n’est pas gagné, le trafic automobile reste encore trop important et la proportion d’arbres sur le territoire encore trop faible pour compenser les émissions de CO2.